Il y a quelques années, le Dalaï-lama s’exprimait ainsi sur l’avenir de la planète: « En tant que communauté (humaine) il est très important de réaliser que chaque être humain est responsable de l’humanité ».
En cette fin d ‘année 2020, ces paroles résonnent. La communauté des hommes est visée par un virus et selon les cultures, nous avons pu observer les différentes attitudes à l’extrême, privilégiant soit les libertés individuelles comme aux Etats-Unis, soit le collectif comme en Chine.
En France, comme ailleurs, pour traverser cette crise pandémique et pour le bien du collectif, nous avons dû renoncer à certaines libertés individuelles comme celles de circuler, de pouvoir travailler ou d’exercer sa religion dans les lieux de culte.
Le débat a pu faire rage entre les personnes qui ne voulaient pas être contraintes et changer leur vision du monde, leur façon de vivre et celles qui estimaient que l’état ne prenait pas encore suffisamment de moyens pour protéger collectivement tous les citoyens, quitte à copier des modèles comme celui de la Corée du Sud qui n’avaient pas hésité à mettre entre parenthèses les libertés individuelles.
Les visions du monde s’affrontent, il s’en suit des interprétations, des partis pris qui peuvent aveugler les personnes. Sans prise de recul, les individus deviennent otage de leurs croyances sur une question complexe (individuel/Collectif) qui fait débat depuis fort longtemps et à propos de laquelle, les meilleures réponses possibles n’ont jamais rencontré une totale adhésion.
Quand un être humain est « hacké »par un système de croyances dans une situation exacerbée qui rencontre une opposition dotée de moyens, il se sent la victime de forces extérieures qui tentent de lui imposer ou de lui enlever quelque chose. Pris au piège, il se concentre alors sur ses moyens de défense, sa vision du monde se rétrécit, il ne peut plus penser collectif et il est centré sur sa survie. Ce schéma mène à des confrontations, des destructions et n’apporte aucune solution.
Comme pour tout, l’équilibre doit se trouver. L’individu est inclus dans un tout, plus grand que lui et il existe bien une interdépendance. Portées par une intelligence collective, les sociétés se sont développées. Depuis toujours les hommes font des choix pour tenter d’arriver à la meilleure façon de vivre et de vivre ensemble.
Un fait est reconnu par tous, l’individu, sans le collectif, a peu de chance de survivre. Aujourd’hui certains enjeux, notamment écologiques (y compris la Covid 19), nous font bien comprendre que le futur de notre communauté d’humains dépend de la responsabilité individuelle de chacun, comme l’indiquait le Dalaï-lama.
La notion de responsabilité renvoie à celle de pouvoir personnel. Cela signifie: « Je suis capable de répondre de telle ou telle chose et je peux m’engager sur cela ». Chacun tient un rôle dans son propre écosystème: sa famille, ses amis, ses relations de travail, ses voisins, sa ville, son entreprise, etc. et chacun peut prendre position et exercer son pouvoir personnel.
Il s’agit donc d’une posture intérieure et d’un exercice difficile car il demande de pouvoir mettre les enjeux en perspectives, de prendre de la hauteur par rapport à son système de croyances, de quitter une posture réactive qui a peur d’être victime de quelque chose et de réinvestir un espace de choix.
Nous voyons bien, aujourd’hui et demain, que crise après crise, défi après défi, des réponses et des solutions vont dépendre de nos décisions, de nos choix, de notre posture pour assurer une logique du « bien vivre ensemble » dans notre écosystème, de préservation de notre environnement et voire, à plus long terme, de perpétuation de l’espèce humaine.
Au cours de cette nouvelle année, chacun va être confronté à cet exercice. Nous allons devoir répondre à des questions de fond et faire des choix importants pour traverser et sortir de la crise Covid :
– ou commence et ou finit ma liberté individuelle,
– où commence et ou finit ma responsabilité individuelle,
– suis-je capable de prendre du recul à propos de mes passions, de mes idéologies, de mes peurs,
– comment accéder à un espace intérieur plus calme de mise en perspective de ce qui est en jeux autour de moi, là où je vis, là où j’exerce une responsabilité,
– comment réinvestir un espace de liberté intime pour faire les meilleurs choix, pour moi, pour mon entourage et pour mon écosystème?
Et si 2021 était une invitation pour chacun à nous repenser, à nous réinventer au sein de notre collectif ? Et s’il s’agissait d’une proposition pour reconquérir sa liberté propre, à travers un processus de maturité, sur le chemin de la responsabilité individuelle?
C’est une idée, une pensée que nous avons envie de partager pour cette nouvelle année.