avril 20, 2020

Crises, COVID 19 et Soft Skills: l’Humilité

Définition de la compétence Humilité  ‍

« Être capable de mettre son égo de côté, d’admettre ses erreurs, de reconnaître ses faiblesses, d’avouer lorsqu’on ne sait pas, être ouvert et à l’écoute de ce que les autres ont à nous apprendre, quelle que soit leur position, savoir demander de l’aide, se montrer accessible. »

Pour parler de cette compétence, qui est, en fait un état d’être, nous diviserons cet article en trois parties.

La première partie parle du manque d’humilité et de ses conséquences, cela nous permet de prendre conscience, par défaut, du rôle et de l’importance de cette compétence.

La deuxième partie met le focus sur le mécanisme qui empêche d’accéder à l’humilité, à savoir, le fonctionnement de l’ego ou plutôt son dysfonctionnement.

La troisième partie décrira la posture « d’apprenance », capable de nous aider à mettre en action cette compétence, cruciale, qui au final, n’a pas si bonne presse, car liée à des représentations collectives religieuses décryptées comme appartenant au chapitre de l’austérité, de la sobriété, voire de la pauvreté. Or l’Humilité, telle que nous l’abordons ici serait plutôt en accord avec la définition de Comte-Sponville : « Lhumilité est vertu lucide […] de l‘homme qui sait n’être pas Dieu. […] Être humble, c’est aimer la vérité plus que soi. »

Rappelons d’abord que nous avons choisi d’évoquer le rôle de ces compétences  douces dites Soft Skills au travers de cette crise car elle met sous tension les comportements, les décisions, les actions et agit comme un révélateur rapide de leurs mécanismes et de leurs effets . C’est une expérience inédite.  Ici, chaque décision a une conséquence exponentielle. Chaque comportement, peut éventuellement mettre en danger la vie d’autrui. Dans notre vie d’avant, la vie normale, tout était lissé, les causes et conséquences presque invisibles. Par exemple et pour les sujets qui concernent nos domaines de la vie de l’entreprise,  si des chefs d’entreprises,  des dirigeants, isolés par les effets de cour ou par peur de ne pas être jugé à la hauteur,  prenaient de mauvaises décisions, les résultats n’étaient visibles que des années plus tard..

Dans ce temps de crise sanitaire, les conséquences se présentent à leurs auteurs sous le feu des projecteurs dans les 48 heures.

Au cœur de cette crise du COVID 19 où les experts de tous bords se sont exprimés avec conviction depuis le premier jour, où les leaders nous ont montré avec assurance certaines voies, puis 15 jours plus tard les directions opposées, sans sourciller, j’ai eu à cœur de nous parler de cette compétence, l’humilité, qui finalement est celle des sages ou des très grands leaders. Il est facile de parler d’humilité, il est rare de la rencontrer et chacun d’entre nous peut s’y exercer sans modération quotidiennement, tant le fait d’y accéder rencontre un obstacle de taille sur son chemin : le fonctionnement de notre ego et ses errances qui nous concernent tous . C’est donc sur cette affaire d’ego que nous reviendrons dans la deuxième partie et qu’il conviendra d’abord de travailler.

Examinons alors, les effets du non-exercice de l’humilité dans ce contexte. Chacun est ici renvoyé à ses responsabilités. Pour ceux qui sont en charge de prendre des décisions impactantes concernant des populations, ils peuvent vite se retrouver, par manque d’humilité, à l’origine de dégâts humains massifs, directement ou indirectement. Pour ceux qui ont la responsabilité de diriger leur vie, le fait de penser qu’ils savent tout et qu’ils sont au-dessus des consignes, les met en danger eux et d’autres.

Cette idée est renversante, tant son auteur peut – tout simplement , piégé par un système et par peur de ne pas être considéré comme étant à la hauteur – ne pas avoir osé demander l’aide ou l’avis de ceux qui auraient pu l’éclairer. Petites peurs, grosses conséquences.

Ici s’illustre avec force le sérieux avec lequel, les « soft skills » doivent être considérées. Dans toutes les grandes catastrophes nous retrouvons une défaillance dans l’exercice de ces compétences.

Actuellement, des milliers de morts qui auraient certainement pu être évités si des responsables n’avaient pas pris les décisions comme celles de vider les stocks de masques, en catimini, en choisissant d’ignorer les rapports et études faites à partir de 2005, tirant clairement des conclusions en faveur de stocks de masques représentant une des armes les plus efficaces face à une pandémie et qui établissaient un ratio coûts/bénéfices en faveur de cette stratégie.

Actuellement des millions de personnes s’inscrivent au chômage aux Etats-Unis, d’autres ne peuvent pas se soigner, car un dirigeant affichant sans complexe un ego démesuré, a pris à la légère la crise du COVID – lui, il savait que ce virus était une simple grippette.

Certains experts médecins en responsabilités se livrent sous nos yeux à des batailles de boursoufflures d’EGO concernant la prescription ou non de traitements, alors même que la bonne attitude aurait été de coopérer ensemble quoi qu’il en coute, admettant qu’ils ne connaissaient pas bien ce virus, que certains avaient peut-être déjà des informations, des bonnes pratiques, oubliant même, à travers ces querelles de chapelles, le temps qui passe et le manque de moyens qui  forcément sanctionnent des malades.

Nous comprenons alors et malheureusement à nos dépends, pourquoi cette compétence va devenir une compétence maîtresse à acquérir rapidement.

Aujourd’hui dans les entreprises nombres de dirigeants, de manageurs ont des décisions importantes à prendre dans un contexte difficile qui les met sous pression. Nous vivons dans des environnements de temps complexes et raccourcis, or le temps lent est souvent un allié car il se charge de pondérer, de lisser et il laisse l’opportunité de mise en action de flux contraires capables de rectifier le tir.

Dans le monde des nanosecondes, des interdépendances, les effets sont en cascades et vite inarrêtables. C’est pourquoi, la prise de recul, le calme intérieur, l’humilité, c’est à dire le fait de ne pas se prendre pour dieu, d’admettre que l’on ne sait pas, d’admettre ses faiblesses, de demander de l’aide et de chercher, en responsabilité et pour le bien de tous, ce qui se rapproche de la vérité, vont devenir des vertus cardinales à exercer.

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