COMPÉTENCES: PRISE DE RECUL, DISCERNEMENT, MAÎTRISE DE SOI
Cette période très particulière et inédite que nous vivons va solliciter nombre de compétences comportementales indispensables pour continuer à vivre, à poursuivre nos activités, à cohabiter dans les conditions les plus respectueuses et harmonieuses possibles, car elle nous place dans des circonstances particulières impliquant des changements radicaux dans nos habitudes, dans notre environnement.
C’est toujours le contexte qui, tel un maître ou un sage ou un tyran, nous somme de changer nos façons de faire, de penser de vivre..
En période de routine, nous fonctionnons sur des programmes automatiques connus et confortables.
Nous nous levons, prenons notre douche,, notre petit déjeuner, notre métro, RER ou voiture, arrivons sur notre lieu de travail, échangeons avec les mêmes collègues, etc, jusqu’au retour à la maison, les sorties avec les amis, le week-end et ses rituels. En quelque sorte, une espèce de même journée sans fin.
Aujourd’hui tout a changé. Placés subitement dans un contexte de crise majeure, dans des situations totalement inhabituelles et contraignantes, nous sommes tous sous-tension. Certains vont travailler en ayant la peur au ventre, d’autres craignent la cessation de leur activité, tous nous pensons inévitablement au fait que nous pourrions être contaminés.
Les points de repères sont effacés. D’autres vont se recréer.
La peur est une émotion qui centre les individus sur eux-même et c’est naturel. Dans des environnements ou règne la peur pour sa sécurité quelle qu’elle soit, le réflexe naturel est de penser à sa préservation et à celles de ceux que l’on aime, d’abord. Cette peur va générer spontanément des comportements du chacun pour soi. Cela devient le chacun pour soi par opposition à l’intérêt collectif.
Le rôle des organisations, de la société est d’encadrer, d’informer de rassurer, d’instaurer un climat de confiance afin d’atténuer cette peur et de permettre aux personnes de prendre du recul, de s’organiser en conséquence. C’est cette confiance dans les réponses des structures collectives qui va contre-balancer la peur individuelle.
Donc la première des compétences concernées que nous allons aborder fait appel à l’intelligence émotionnelle, à la maîtrise de soi plus particulièrement, au discernement et à la responsabilité personnelle. Pour quoi faire? Pour garder son sang froid, pour prendre les meilleures décisions pour soi et pour ses proches pour privilégier le rationnel et avoir comportements adaptés à la situation et des communications claires.
Par exemple, cela peut commencer par la façon de gérer l’information entrante et sortante : trier les messages et les informations qui semblent fiables, faire appel à la logique, au raisonnement et on pourrait même aller jusqu’à parler d’une forme d’ascétisme dans ses communications.
En effet, il s’agit de se préserver, ne pas céder aux appels des sirènes hystériques, complotistes, ne pas relayer des messages anxiogènes, ne pas regarder les infos en boucle. Pourquoi?
Cela va vous paraître étrange mais, c’est une autre caractéristique de notre fonctionnement naturel; nous avons une appétence légèrement morbide à aimer fréquenter ce genre d’état qui, nous donne le sentiment d’être vivant, de participer à quelque chose, de fréquenter des sensations inédites et, la mauvaise nouvelle est que ces pensées et sensations sont addictives. Cependant, elles consomment beaucoup d’énergie, elles affectent notre mental, notre corps. Elles rétrécissent notre vision du monde et elles nous empêchent de raisonner, de penser sainement. Elles nous désorganisent, elles nous font oublier qu’il y a un collectif construit, organisé ou du moins qui met en place de nouveaux systèmes d’organisation pour le bien de tous.
Pour maîtriser cette catégorie de compétence, nous pouvons déjà travailler sur un premier axe qui la soutient:
1. Etre en conscience de ses émotions: cela veut dire être capable de reconnaître une émotion, sa cause et ce qui l’alimente. Ci-après, vous trouverez une fiche outil sur vous permettant de travailler sur la conscience des émotions SOFT SKILLS FICHE OUTIL DISCERNEMENT
Ensuite vous pouvez également découvrir les notions de « perception » de « représentation mentale » et de « croyances » et comprendre ainsi que notre perception des situations est déformée par nos filtres personnels. Cela veut dire que nos comportements et actions sont sous l’emprise de nos perceptions, que pour une situation donnée, vous aurez 100 perceptions et représentations différentes de cette situation, toutes passés à la moulinette de ces filtres que sont – les besoins, les valeurs et les croyances de chacun.
C’est la prise de conscience, la compréhension et la pratique de l’ensemble de ces notions qui nous permettront d’adopter plus naturellement la prise de recul, le discernement, la maîtrise de soi puis d’exercer notre raisonnement dans un environnement mental plus neutre, d’évaluer au mieux les situations pour prendre de bonnes décisions.
Dans des contextes de crise, il y a plus d’incertitudes, de dangers, nous évoluons dans un environnement instable et chacune de nos mauvaises décisions peut porter préjudice ou atteinte à notre sécurité et à celle des autres. C’est pourquoi cette première catégorie de compétences comportementales est la première à considérer car elle répond à des besoins vitaux pour nous tous…
La partie positive est que, le fait de muscler ces compétences, d’en apprendre la mécanique, portera de magnifiques fruits dans notre vie professionnelle et améliorera considérablement la qualité de notre prise de décision et sa performance en termes de résultats.